PRIX HOMMAGE À CLAUDE PROVENCHER

UNE FORCE TRANQUILLE

C’est la musique, qui a porté cet homme. Associé fondateur de Provencher_Roy, Claude Provencher est considéré comme l’un des instigateurs de la nouvelle architecture urbaine issue de la fin des années 1970 au pays. Cette force de la nature se rappelle encore écouter, enfant, sa mère Madeleine au piano et son père Hervé, « violoneux à ses heures », jouer par pur plaisir, dans leur maison, sur le 8e rang à Plessisville.

The band

Il raconte aussi que c’est également la musique qui a accompagné sa jeunesse, lui à la batterie dans son band, jouant dans les bars et dans les salles de danse. Il savait déjà qu’il ne désirait pas prendre les rênes de l’entreprise de transport de son père. Féru de musique il ne voulait pas être un homme d’affaires dans le sens classique du terme, mais dans un domaine plus relié aux arts.

Il voulait surtout dessiner

Dessiner comme il aimait tant le faire petit garçon. C’était pour lui un bonheur, le vendredi après-midi, à l’école centrale de Plessisville, d’aller au cours d’arts plastique et de créer. Il méritait toujours le premier prix.

Dessiner plus loin

Dessiner, donc, comme le promettaient les écoles d’architecture, et le voilà diplômé de l’Université de Montréal en 1974, doté d’un baccalauréat en architecture.

Studieux et déterminé

Anecdote apocryphe : Il manque d’endroits pour étudier, à l’université, on ne peut rien y faire… Claude ne l’entend pas ainsi, derechef il demande à son père de lui donner un vieil autobus scolaire qui trainait dans sa cour, et il va le stationner dans l’aire de stationnement universitaire. On ne l’entend pas ainsi – grincement de dents, discussions viriles –, puis on cède et on concède que cet autobus devienne un lieu d’études. En prime, on accepte les conditions de Provencher… : du chauffage et de l’électricité. Ça vous dit quelque chose, cet esprit débrouillard et acharné ? C’est ainsi que les caractères se gravent dans l’airain.

À la mention de PGL, ses yeux brillent comme des charbons ardents

555_s_prix-hommage-a-claude-provencher_0208Louis-Joseph Papineau, Michel Robert Le Blanc et Guy Gérin-Lajoie fondent l’étude Papineau Gérin-Lajoie Le Blanc architectes, sise alors sur rue Sainte-Catherine Ouest à Westmount. Ils préconisent alors une architecture épurée et géométrique, dont la forme dépouillée mise sur le raffinement du détail. Claude Provencher est épaté par ses collègues architectes et impressionné par Gérin-Lajoie, qui selon lui est l’un des meilleurs architectes de l’époque. Sans les appeler ses « mentors », il croit que ce sont eux qui l’ont forgé, alors qu’il était jeune architecte, pour en faire selon le jugement de ses pairs l’un des meilleurs au pays.

Agile comme un chat, il se lève d’un bond et, crayon en main, il dessine sur le mur

Il explique avec moult dessins la saga du Centre de commerce mondial de Montréal. Il l’affectionne tant qu’il pourrait en parler pendant des heures. Projet majeur en 1992 de mise en valeur d’un îlot urbain situé dans le quartier historique et secteur d’échanges internationaux, il a pu y appliquer ce qui deviendra sa marque de commerce : une grande utilisation de la lumière naturelle et un respect intégral du génie du lieu.

Deux Japonais et un Italien

Trois grands architectes ont aussi façonné son crayon. Fumihiko Maki, qui a introduit la notion de l’oku, ces couches spatiales imbriquées qui dissimulent, mais ne cachent pas entièrement. Tadao AndōTadao Ando, qui crée des bâtiments où les habitants sont débarrassés du tumulte extérieur. Finalement, Renzo Piano, l’un des architectes de l’iconique Centre Pompidou.

Et puis, le Québec… et Montréal l’inspirent tout autant !

Les quatre saisons si distinctes, le fleuve toujours changeant… Quel défi emballant que de créer un bâtiment qui vivra à l’année et gardera des espaces intérieurs vivants. Quel bonheur de vivre à Montréal, soutient-il, où l’on a gardé la qualité humaine qui en fait sa marque. La qualité architecturale et les espaces urbains deviennent de plus en plus la préoccupation des citoyens, et c’est une excellente nouvelle pour le développement de Montréal.

Des bijoux dont les concepts lui sont chers

Provencher cite avec fierté le pavillon J.-Armand-Bombardier de l’Université de Montréal, édifice caractérisé entre autres par la série de jardins suspendus qui y sont aménagés, jardins qui chevauchent chacun deux étages et qui traversent de part et d’autre les espaces à bureaux. Du même coup, il cite le complexe de recherche biomédicale hautement spécialisée des facultés des sciences et de médecine et du Centre universitaire de santé McGill (Complexe des sciences de la vie du Centre universitaire de santé McGill). Les nouveaux pavillons du complexe offrent aux chercheurs un environnement ouvert qui s’inscrit harmonieusement dans un site bordé par des résidences historiques du Mille carré doré et dans le patrimoine naturel du parc Mont-Royal, au Nord.

Sans oublier la modernisation du Casino de Montréal (en consortium avec Menkès Schooner Dagenais LeTourneux Architectes), qui a mérité le prix espace public ainsi que le prix surface lors de la 7e édition des GRANDS PRIX DU DESIGN.

Enfin, il cite le pavillon d’art québécois et canadien Claire et Marc Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal. Ce projet a été salué à maintes reprises pour sa réflexion architecturale poussée, son intégration urbaine exceptionnelle et son design conjuguant le passé et le futur, ayant notamment reçu le prix projet de l’année lors de la 5e édition des GRANDS PRIX DU DESIGN.

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Texte : Madeleine Champagne / Magazine Intérieurs # 65 – Grands Prix du Design

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