Construite dans la foulée de l’Expo 67, la jetée Alexandra, toute de béton et de tôle, ne reflétait en rien l’effervescence maritime qui anime le Vieux-Port de Montréal. À la suite d’un concours d’architecture auquel Provencher_Roy était invitée, la proposition de la firme a été retenue pour transformer ce lieu gris et austère en une destination attrayante, tant pour les piétons que pour les quelque 70 000 touristes qui y transitent annuellement par les bateaux de croisière en provenance des États-Unis et de l’Europe.
Jouissant d’un site exceptionnel en matière de localisation et de signification historique, les architectes devaient transformer la nouvelle jetée pour assurer efficacement la fonctionnalité de la gare maritime, et favoriser l’appropriation du port par la communauté en offrant un accès au fleuve tel que le demande la population depuis des années.
S’établissant dans un quartier où se déploient des éléments architecturaux forts soulignant l’importance du rapport maritime de la ville, le projet de la nouvelle gare s’inscrit en continuité avec l’héritage du Vieux-Montréal et impose sa présence au cœur du Vieux-Montréal par sa facture architecturale.
D’un espace de transit à un lieu de destination
L’aménagement d’une jetée fonctionnelle et flexible permettra d’attirer une clientèle toute l’année et l’ajout d’un grand espace public, tant au niveau du sol que par une longue promenade aérienne dirigera les visiteurs vers le fleuve sans interférer avec les opérations de la gare. Grâce à de grandes parois vitrées réparties sur ses façades, les vues magnifiques sont mises en valeur et visibles de tous les points de vue.

Les lignes horizontales du bâtiment existant sont accentuées par un travail de pliage d’acier blanc et les terrasses de bois en saillies rappellent les ponts des bateaux de croisière. Le rez-de-chaussée de la gare devient une grande salle des pas perdus et donne accès à l’ensemble des activités de la jetée. Il est possible depuis la rue de la commune d’accéder autant au Centre d’interprétation, qu’au pavillon ou à la tour.
L’aménagement paysager transforme le lieu en une destination attrayante et surprenante. La pointe de la jetée permet par son abaissement, l’implantation d’une grande plaine gazonnée inclinée faisant front au fleuve ainsi que sur tout le panorama du port. Elle offre un lieu de contemplation, de détente et de bains de soleil, tout en étant propice à l’organisation d’événements musicaux, de yoga de masse, d’estrades informelles pour les feux d’artifices.
La plaine des géants procure un lieu unique verdoyant en relation privilégiée avec le fleuve. En complément à la plage engazonnée, la pointe de la jetée offre une deuxième expérience avec l’eau; l’amphithéâtre inondable. Telle une plage dynamique, l’espace permet de profiter des variations des niveaux d’eau du fleuve au gré des saisons, ajoutant une expérience inédite de contact à l’eau.
Un signal d’orientation dans la ville
La tour vient ajouter une toute nouvelle dimension à l’expérience de la jetée. À l’image d’un phare, elle est le premier moyen pour les navires et les passagers de repérer le port et la terre et elle devient aussi pour les Montréalais le moyen de repérer le fleuve. Si la hauteur d’un phare permet de déterminer sa portée géographique, la tour Alexandra signale la présence de la Jetée, de jour comme de nuit autant du fleuve que de la ville.
La Tour est constituée de deux éléments :
Le premier élément est le noyau structurant en béton qui contient aussi les ascenseurs panoramiques et escaliers. Il est recouvert de panneau vitré translucide.
Le deuxième élément est la structure d’acier qui vient s’y accrocher. Recouverte de verre transparent et laissant la géométrie structurale s’exprimer, cette structure accueille les espaces des différentes plateformes ainsi que les services de soutien, espaces mécaniques et sanitaires.
«Dès le début du projet, notre intention était de prolonger le parc linéaire du vieux port à l’intérieur de la jeter. On désirait créer un espace soulignant la richesse du lieu tout en proposant un parc, un lieu de détente, un espace que les gens peuvent s’approprier», conclut Sonia Gagné, associée et architecte chez Provencher_Roy.