PAVILLON UNIVERSITAIRE ALOUETTE
Par Anne Lise Caron
BGLA transforme le paysage architectural québécois en contribuant à une variété de projets réalisés, hautement originaux. Un savoir-faire conjuguant innovation, versatilité et primé lors de la création de certains des plus grands projets en design urbain au Québec.
BGLA possède également une expertise toute particulière dans la conception de projets à caractère durable. Quant au Pavillon universitaire Alouette, BGLA aura su mettre en scène une œuvre cohérente et audacieuse, cependant respectueuse des interactions humaines et institutionnelles. Soucieuse de l’environnement et sensible à l’usager environnant, la conception de la firme harmonise parfaitement notes vertes, tonalités métalliques, inclusions organiques et accents technologiques.
Fusion urbaine et respectueuse
Offrir au premier coup d’œil un ensemble construit. Accoler une nouvelle vocation universitaire à un autre établissement de type collégial, déjà en place. Reconnaître l’importance de ces institutions pour la communauté. Minimiser l’empreinte environnementale. Attester à même un bâtiment, de la présence d’une industrie très importante pour la région. Concevoir un intérieur à dimension humaine. Inspirer l’apprentissage. Demeurer dans une enveloppe budgétaire fermée. Telle était l’étendue du défi de BGLA.
Au niveau du design, BGLA mise ici sur l’approche urbaine. La dextérité conceptuelle de la firme affirme le côté institutionnel du nouveau bâtiment, par un agrégat réussi dans un quartier à dominance résidentielle. Pour parvenir à cette cohésion respectueuse, les architectes optèrent de fermer, visuellement, une partie du prépondérant stationnement en place: le regard se posera dorénavant, en premier, sur le bâtiment Alouette, très ouvert, très vitré. L’ensemble affiche désormais une image résolument moderne en incorporant, en front bâti, le bâtiment d’origine du CEGEP datant des années 70.
Amalgame architectural
Aluminerie Alouette, maître d’ouvrage (MO) du projet, aura investi 10 millions de dollars dans la communauté pour la concrétisation de ce projet.
Avec brio, BGLA aura su attester la présence du mécène par une suggestion judicieuse mais équilibrée de l’aluminium. D’entrée de jeu, une partie du revêtement extérieur de l’étage ainsi que les fenêtres sont en aluminium. Puis à l’intérieur, outre tout un mur rideau sur deux étages, on appréciera le jeu conceptuel et novateur des architectes, matérialisé par un volume utilisé comme parement, habillé de lambris en mousse d’aluminium: ce produit technologique composé d’aluminium recyclé, peu utilisé au Québec, étonne par son aspect rappelant une gigantesque éponge. Pour lier les deux niveaux de l’atrium, on choisira d’enceindre les parties fonctionnelles et espaces publics par des garde-corps en aluminium, ainsi que par un escalier architectural à structure d’aluminium avec marches en bois.
Par ailleurs, le projet tire également son originalité par l’usage du bois «… une matière première, issue de nos forêts québécoises. Peu de projets récents de cette envergure furent réalisés en bois dans la région…» témoigne Pierre André Lévesque, architecte associé chez BGLA. Isolant et écologique, toute la structure du bâtiment est avantageusement constituée en bois d’œuvre lamellé-collé et en panneaux lamellé-croisé (CLT). Des accents intérieurs, tels des poutres apparentes et des plafonds en bois, contribueront également à créer l’ambiance unique de ce lieu d’enseignement.
Architecture durable
Le concept en entier illustre avec force cette volonté des promoteurs de témoigner leur soutien dans une pensée de développement durable. Sont intégrées plusieurs innovations avant-gardistes inspirées d’éléments LEED, ainsi que l’utilisation d’énergies renouvelables et de matériaux des plus performants qui positivent les impacts énergétiques et économies d’énergie.
Pour l’efficience thermique, l’enveloppe du bâtiment procurera un pourcentage plus élevé d’isolation, soit 25% de plus que ne l’exige le code modèle national de l’énergie du bâtiment. Un mur solaire d’une superficie d’environ 45 m2 préchauffera l’air avant son entrée dans le système de chauffage, le secondant au besoin.
Une sérigraphie, appliquée sur le vitrage de l’atrium stratégiquement situé plein sud, fut conçue pour son effet de gain/contrôle thermique: le coefficient d’ombrage ainsi obtenu diminuera le gain solaire à l’intérieur lors de journées très ensoleillées.
Au niveau géothermique, une technique utilisant des puits horizontaux améliorera l’efficacité du système de forage vertical proposé initialement. Selon l’ingénieur, «cette efficacité additionnelle vient du fait que le forage horizontal dans le cas présent, se trouve dans une nappe phréatique donc, les conduits échangent directement dans un sol imbibé d’eau, ce qui représente un cas d’échange d’énergie beaucoup plus optimal. Le fait que les forages soient un peu plus petits et que nous restons au niveau du mort-terrain (section plus molle) le forage s’avère plus facile et moins long, donc moins dispendieux».
En sous-sol, quatre réservoirs de captation des eaux pluviales achemineront toute l’eau des toitures, qui sera filtrée pour l’alimentation d’appareils sanitaires automatiques avec détecteurs sans contact ainsi que pour l’arrosage extérieur.
Puis installés en toiture, d’immenses capteurs solaires, une première au Québec pour un bâtiment institutionnel. Constituées de coupoles paraboliques en aluminium de 13 m de longueur chacune, quinze paraboles concentreront les rayons solaires en leur centre géométrique où est disposé un conduit métallique renfermant une huile thermique qui se réchauffe sous l’effet du soleil. Cette chaleur sera acheminée à l’intérieur du bâtiment puis couplée au système de chauffage général du pavillon.
Synergie et co-création au service du savoir
Une équipe permanente et dédiée de quatre architectes entama, sur les lieux et dès l’étape préconcept, un intense processus de recherche, alignant les forces, les ressources et les besoins en présence des représentants du client. Avec toute l’ouverture et l’attention requise par l’approche de design intégré, ce travail de mise en commun collaboratif piloté par les architectes aura permis de proposer des adaptations et innovations optimisées.
Au départ, les plans prévoyaient un bâtiment un peu plus grand. En cours de projet, le client aura souhaité un sous-sol. En réduisant la superficie et en transférant quelques locaux «on réussit, encore aujourd’hui, à être dans notre enveloppe budgétaire. On se félicite d’avoir fait ce choix d’intégrer des locaux en sous-sol, car on n’y serait pas arrivés autrement, sans risquer de sabrer dans le concept de départ» de préciser l’architecte.
La perception conceptuelle par le client aura également engendré un remodelage créatif joint à une expression symbolique. Lorsque des éléments ornementaux extérieurs furent qualifiés de voiles, la firme proposa une adaptation synergique de son design original: sept voiles d’aluminium se déploient maintenant le long de la façade nord. Elles évoquent la présence du fleuve, de Sept-Îles, d’un milieu marin. Elles expriment également le ‘’filtre des connaissances’’ qui entrent dans le bâtiment puis dans les cerveaux, celui de la matière grise par opposition à la matière première des matériaux. Dans le même esprit, des socles surgissant de la terre se veulent une autre illustration de cette thématique exploitée par la firme. Abritant des fonctions de bureaux, ils symbolisent l’émergence des matériaux de la terre, comme l’aluminium, un matériau issu de la rencontre de la matière et de l’énergie.
Par toutes ces représentations qui témoignent de la richesse et de la versatilité de l’aluminium sous différentes formes symboliques et géométriques, BGLA aura réussi le pari d’aligner la vision du client en procurant à l’usager un carrefour des savoirs inspirant.
«Le projet, un véritable travail d’équipe, aura vraiment trouvé son identité sur place, à force de réfléchir avec le client, avec tous les intervenants. Il en résulte une œuvre à signature unique et particulière puisque l’enseignement débutera ici, dans la nature et la représentation même du bâtiment» de terminer l’architecte.