ANDRÉ IBGHY ARCHITECTE

L’excellence comme pierre angulaire

Par Anne Lise Caron

Ayant en tête la mission du client comme pierre angulaire, André Ibghy s’est donné comme responsabilité de réaliser des espaces allant bien au-delà de la mise en œuvre d’un programme fonctionnel. C’est le concept d’excellence qui aura inspiré l’architecte aucun compromis quant à la qualité des matériaux ainsi qu’aux détails, déclinés avec minutie.

L’usage des lieux reposera sur les trois piliers de la philosophie des Hôpitaux Shriners pour enfants: la recherche, l’enseignement ainsi qu’une offre de soins de la meilleure qualité qui soit dans un environnement convivial pour les familles. La complexité du projet résidait à intégrer toutes ces activités de manière efficace. Un projet ambitieux. Pour le concepteur cependant, ce fut une inspiration pour créer des espaces novateurs et au stylisme remarquable.

Rez-de-chaussée - grand hall d'entrée
Rez-de-chaussée – grand hall d’entrée

 

Design thérapeutique

Le concept de l’architecte s’exprime dans un design thérapeutique, centré sur la famille, avec un désir évident d’offrir un milieu de vie accueillant et sécuritaire pour la clientèle. Et qui soit stimulant, performant pour les fonctions de recherche et d’enseignement. Gratifiant pour le personnel.

C’est par le choix de symboles, de couleurs, de textures qu’on a voulu inspirer le bien-être ainsi qu’une proximité avec l’environnement. En plus des préoccupations sanitaires et de la facilitation logistique, des éléments de confort furent incorporés dans la structure. Une généreuse lumière naturelle sera déversée par des puits de lumière et par une abondance de fenêtres. Les espaces seront fluides, avec une recherche esthétique incorporant des éléments naturels.

Dans ses plans, l’architecte apporte un design humanisé qui présente des éléments de compassion spécifiquement pensés pour la famille. Des espaces confortables, dédiés au ressourcement. La proximité de la salle d’attente adjacente au bloc opératoire. Un jardin intérieur, pour offrir un moment paisible aux parents à l’unité de soins. Une cafétéria aérée et invitante, située au dernier étage, avec vue spectaculaire sur le fleuve Saint-Laurent ainsi qu’une terrasse extérieure pour apporter un moment de répit. Une gestion des accès contrôlée, pour assurer la sécurité de la clientèle pédiatrique ainsi qu’un débarcadère sous une marquise imposante, pour approcher l’entrée principale sous le couvert et minimiser la marche.

Reflet d’une diversité pancanadienne

La clientèle de l’hôpital Shriners de Montréal provient de partout au Canada. Par l’usage de références géographiques et culturelles, le lieu aspire à ce que toute famille, d’ici ou d’ailleurs, associe son hôpital à un deuxième chez-soi. Chacun des huit étages illustrera une région géographique distincte du pays.

Inspiré par la vallée du Saint-Laurent, le rez-de-chaussée, se veut le prolongement, une continuité de l’environnement extérieur «…pour que l’accueil aux visiteurs soit inspiré par les éléments de notre environnement naturel» commentait M. Ibghy. Pour asseoir cette identité dans le hall principal, les yeux tournés vers le ciel apprécieront la poésie d’une cascade de feuilles d’arbre en porcelaine translucide, une création de l’artiste québécoise Pascale Girardin. Pour renforcer cette image, un choix de couleurs automnales habille les lieux. Plus loin, un clin d’œil à l’univers du hockey: dans une salle d’attente, une patinoire est représentée sur le sol en vinyle, entourée de sièges bleus et rouges. Des bâtons de hockey en rangées et des rondelles de hockey ornent même le poste d’infirmerie.

Au troisième étage, celui du bloc opératoire, l’architecte a de nouveau exploré son ludisme pour contrer l’austérité par une thématique région polaire, un environnement qui est tout à fait stérile. Puis, les Prairies au 5e étage, pour la fertilité des chercheurs. Et ainsi de suite.

Chaque thème fut exploité par l’architecte jusque dans la conception des différents services, aspirant ainsi à égayer un peu le tout-petit, l’adolescent cool et le parent.

Signature distincte et interdépendance

La proximité physique ainsi que le lien d’interdépendance avec le CUSM furent un défi additionnel pour l’architecte. «Il fallait être un voisin respectueux et poli mais s’exprimer de façon indépendante. Le plus simple, le plus élégant, c’était un bâtiment tout blanc, contrastant, se distinguant par ce manque de couleur» précise André Ibghy. Quoique de taille plus modeste, le lieu s’intègre harmonieusement à l’ensemble coloré qui lui est adjacent, tout en conservant son propre caractère unique.

Les plans de l’architecte devaient également voir à maintenir le lien physique nécessaire aux besoins de collaboration entre les deux établissements. Physiquement, les ponts de jonction entre les deux bâtiments reflètent les ententes cliniques au service des patients ainsi que les ententes d’échange opérationnelles existant entre les deux institutions. Un couloir via le 3e étage facilitera le mouvement des alités. Un lien au 2e sous-sol a été prévu pour les besoins en approvisionnement et la gestion des déchets hospitaliers. Cependant, chacune des entités possède ses propres fondations.

Les plans proposent également tout un étage dédié à la recherche fondamentale. Plus de 35 000 pi2 sont alloués à la recherche fondamentale et clinique, soit environ 16 % de la superficie totale de l’établissement. Au deuxième, on retrouve un centre de formation qui comprend une salle de rencontre multi-usage hautement technologique de plus de 20 000 pi2. On y retrouve également un laboratoire de formation chirurgicale, ainsi que sa salle de vidéoconférence avec diffusion en direct. L’établissement innove: il devient le tout premier des hôpitaux Shriners à abriter un laboratoire de formation chirurgicale d’enseignement au sein de son propre bâtiment.

Le résultat est impressionnant, fruit d’un travail collaboratif entre le client et une équipe de gestion alignée avec la même vision. «Pour toutes ces raisons, c’est un réel plaisir de travailler avec un tel client» mentionnait l’architecte.

 

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